Comment l’amérique latine a changé mon regard sur la pauvreté



(vue du ciel d’un quartier pauvre de Bogota – un « barrio »)

Je continue de voyager. Je suis de retour à Bogota depuis une dizaine de jours et je voudrais parler avec vous d’un sujet important.

Les 5 mois passés en Colombie depuis l’année dernière ainsi que mon séjour au Brésil m’ont ouvert les yeux sur le problème de la pauvreté en amérique latine.


Lorsqu’on est « gringo » (européen ou américain) à Bogota on est très souvent sollicité pour donner de l’argent, que ce soit pour acheter quelque chose ou pour faire un simple don.

En France je ne suis pas souvent sollicité et je n’ai pas l’habitude de donner, du coup à mon arrivée en Colombie je m’étais construit une « carapace » et j’avais pris la décision de systématiquement refuser, pourtant ce que j’ai vécu m’a ouvert les yeux et a changé ma manière de penser.

Mais tout d’abord, voici une revue des personnes qui vous sollicitent en Colombie:

Les mendiants

Il y a tout d’abord ceux que les colombiens appellent les « indigentes ».

Ce sont des marginaux, pour la plupart des hommes, il y en a beaucoup qui errent dans le centre de Bogota.

Ils dorment par terre à même le trottoir, sont très sales et bricolent pendant la journée pour trouver un peu d’argent.

Les colombiens les regardent avec un certain dédain car ils travaillent dur et ils ne voient pas pourquoi eux n’en feraient pas autant.

J’en parlais avec un ami américain qui vit ici depuis deux ans et il me disait, « si ils sont en âge de travailler je ne vais pas leur donner ».

Ca m’arrive de leur donner mais vraiment pas souvent car je considère qu’effectivement ils pourraient travailler.

(vidéo prise dans ma rue à Bogota)

Beaucoup d’entre eux sont toxicomanes, et je pense le gouvernement colombien devrait mettre en oeuvre des actions concrètes pour les aider à se réinsérer.

En fait je donne plus volontiers à une vieille femme ou à un gamin car ils ont moins de ressources.

Les colporteurs

En Colombie partout où vous allez vous êtes sollicité pour acheter quelque chose, vous n’avez pas idée à quel point.

Bien entendu partout il y a des gens qui vendent des sucreries, du café, des cigarettes, mais dans le centre de Bogota vous croisez des gens qui vendent littéralement tout et n’importe quoi, depuis des calendriers jusqu’à des livres d’occasion en passant par les fameuses raquettes tue-mouche.

Je suis plutôt adepte du minimalisme dans le sens où je n’aime pas m’encombrer de choses inutiles et donc tous ces produits me sont de peu d’utilité, mais j’ai revu sensiblement ma manière de considérer les choses, en effet..

 

..un jour j’ai eu un véritable déclic !

J’ai vu une femme qui proposait des produits aux chauffeurs de taxis attendant dans une file, une scène banale de la vie colombienne, et soudain j’ai réalisé quelque chose de très important.

 

Ma copine est en train de finir ses études, sans son diplôme (obtenu dans une des universités les plus chères du pays) il lui sera impossible de trouver un travail décent, ou alors très difficile.

La famille de ma copine n’est pas riche, mais ils ont un peu d’argent (ils possèdent leur maison plus un appartement) et ils ont investi dans l’éducation de leurs enfants, ce qui lui a permis d’accéder à cette université prestigieuse.

 

Mais quand on regarde Bogota depuis le ciel, tout le sud ressemble à une marée rouge, ce sont tous les baraques de briques des quartiers pauvres, et ça recouvre toute la vallée d’un bout à l’autre !

En France l’ascenseur sociale est en panne, mais on peut toujours prendre l’escalier !

Dans nos pays riches si tu travailles dur tu peux réussir dans la vie, mais dans la plupart des pays la majorité des gens n’ont même pas cette chance, travailler dur pour eux c’est pas un moyen de réussir, c’est juste un moyen de vivre.

 

Pour les gens qui sont nés dans ces quartiers pauvres de Bogota il n’y a pas d’université, ils doivent se débrouiller avec ce qu’ils ont.

Et quand il est impossible de trouver un emploi, et bien vendre des babioles dans la rue c’est un moyen de gagner sa croûte.

Cette femme que j’ai vue proposer des produits à ces chauffeurs de taxi, elle habite certainement dans un de ces quartiers pauvres du sud de la capitale, et c’est le seul moyen qu’elle a de s’en sortir.

Cette prise de conscience a changé mon attitude envers ces personnes

Par exemple dans les bus à Bogota il y a toujours des gens gens qui montent pour vendre des barres de chocolat ou autre, maintenant je leur achète toujours, et si je n’ai pas envie de la manger je l’offre à ma copine ou à quelqu’un d’autre, c’est une manière d’aider en retour.

 

Je considère que j’ai eu beaucoup de chance dans ma vie: j’ai voyagé de nombreux pays, je n’ai jamais manqué de rien, est-ce que ce n’est pas juste d’aider en retour ?

 

De la même manière que j’ai refusé un emploi bien payé à Paris pour faire un travail qui me passionne et profiter du présent, je refuse de m’accrocher à chaque centime dans l’espoir de devenir riche (peut-être) un jour.

Donner c’est faire preuve d’humilité, c’est un cadeau que l’on offre en retour, c’est aussi une preuve de son succès, de sa réussite.

 

Le monde d’aujourd’hui est devenu extrêmement individualiste, on a oublié des valeurs simples, comme le plaisir d’offrir ou de faire plaisir à un inconnu.

Donner c’est faire un pied de nez à cet individualisme et à ce monde où règne une compétition acharnée.

« Un peu de finesse dans un monde de brute » nous diraient les gens qui vendent du chocolat dans la petite boite à images.

 

Et vous, est-ce que vous donnez en retour ? Est-ce que vous aidez ?

Je vais participer à un projet qui me tient à coeur dans les jours qui viennent je vous en parlerai sur le blog, en attendant je suis curieux de savoir si mes lecteurs donnent un peu de leur temps ou de leur argent !

Crédit photo: lebbeuswoods


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