Insécurité au Venezuela: Théorie et pratique
Je n’ai pas voulu développer le sujet dans mes précédents billets pour ne pas affoler mes proches, mais la sécurité (ou plutot l’insécurité) est une préoccupation de tous les instants au Venezuela. A Caracas si on est etranger il est absolument impensable de se promener la nuit sinon il risque de vous arriver des bricoles, il faut absolument se déplacer en voiture. A vrai dire meme la journée il faut limiter ses déplacements à pied et etre toujours vigilant. Je crois que presque tous les venezueliens avec qui j’ai discuté m’ont mis en garde: « tienes que cuidarte » (tu dois faire attention). Le danger est invisible mais il est bien là, on peut le sentir. On se demande alors si c’est moins dangereux en-dehors de Caracas mais la même réponse revient, invariablement: « c’est dangereux partout ».
A Playa del Agua sur l’ile de Margarita il n’y avait pas tant de touristes que ça, et dès la nuit tombée (à 18h..) les rues se vident et le sentiment d’insécurité grandit, en fait la première nuit passée dans la posada je suis sorti boire un verre et à mon retour à l’hotel une voiture s’est arretée à coté de moi et deux types en sont sortis précipitamment, j’ai repoussé le type qui était du coté passager (après avoir vérifié qu’il n’avait pas d’arme) et j’ai couru dans la direction opposée jusqu’à la plage ou je suis resté caché une bonne dizaine de minutes. C’est ainsi que j’ai appris que meme pour faire 500 mètres pour rentrer à l’hotel il vaut mieux payer un taxi, après 20h ça devient indispensable.
Suite à cette tentative d’agression je suis tombé sur une voiture de police, ils m’ont fait monter dans le véhicule, je leur ai expliqué l’histoire, ils avaient pas l’air particulièrement émus mais ils ont commencé à faire le tour du paté de maison pour me ramener à mon hotel, probleme le conducteur était un peu bizarre et il n’a pas tourné dans la rue de mon hotel et a continué tout droit, du coup on a fait un grand détour et je trouvais son attitude pour le moins suspecte, il roulait lentement et avait pas l’air de savoir ou il était (alors que c’est quand meme assez simple de se repérer, moi qui y étais depuis la veille je savais parfaitement ou on était), le patron de l’hotel m’a ensuite expliqué qu’il voulait rallonger le trajet pour me demander de l’argent pour le « taxi ». Oui, parce qu’ici les locaux te diront que la plupart des flics sont corrompus, une des employées de l’hotel m’a raconté qu’une fois un client s’est fait voler son argent et son blouson par un type cagoulé et armé, le type s’est enfui et au bout de la rue il est monté dans.. ..une voiture de police..
La dictature
Hier soir j’ai longuement parlé avec un colombien, architecte il vit à Paris depuis des années et il ne comprend pas pourquoi l’opinion française est autant pro-chaviste, je lui ai dit que selon moi c’est parce qu’on manquait d’information, on sait qu’il est anti-bush et qu’il a pris des mesures populistes, mais j’ai l’impression que la presse française n’ose pas en parler en mal de peur de passer pour « pro-americaine ». Et bien moi apres ce voyage de deux semaines je n’ai plus de doutes, presque tous les venezueliens a qui j’ai parle detestent ce regime, ils sont prisonniers de ce fou mégalomane depuis bientot 10 ans, le pays est totalement corrompu, depuis le porteur de valises a l’aeroport jusqu’au president. Sur l’ile de Margarita la présence policière est completement insuffisante et ne permet pas (de loin !) de garantir la sécurité des visiteurs. A un chauffeur de taxi a qui je disais que beaucoup de personnes pauvres supportaient Chavez sa réponse a été sans détour: « bien sur il leur donne 50 dollars par mois alors ils savent que si c’est un autre qui est élu ils ne toucheront plus cet argent ».
Partout s’affiche la propagande du gouvernement, Chavez apprenant à lire à une mamie sur un tableau, Chavez en train de superviser la production de pétrole, « la révolution bolivarienne est en marche », c’est bien beau mais dans une démocratie ce type de propagande politique est pas très fair-play, si on ajoute à ça la fermeture par Chavez d’une trentaine de stations de radios l’année dernière ça donne une bonne image de sa vision de la démocratie !
Conclusion
Malgré tout très heureux d’avoir fait ce voyage, depuis mon voyage au Mexique en 2006 je revais de partir en amérique du sud, j’ai commencé à apprendre l’espagnol et je ne le regrette pas, j’ai pu parler avec plein de venezueliens, les écouter, les faire rire, et c’est bien là le plaisir des voyages et des langues étrangères, échanger et partager quelques instants avec des gens dont on était pas sensé croiser la route, un pied de nez au destin en somme.
Ce voyage m’a vraiment conforté dans mon gout pour l’amérique latine, et je pense qu’il a tracé une voie pour une suite prochaine.. ..to be continued..